samedi 22 octobre 2011

Interview Brahim Rais


Bande dessinée : Un Marocain en vedette au festival de la BD d’Alger

Le jeune artiste marocain, Brahim Raïs, a été l’un des invités d’honneur au quatrième Festival international de la bande dessinée d’Alger (Fibda), qui s’est achevé le 8 octobre.  En 2010, il a décroché le prix du meilleur projet au FIBDA. L’album Les passants, qui vient de paraître aux éditions Dalimen à Alger, est l’aboutissement de ce projet. Sur 74 pages, le bédéiste évoque le rêve réalité d’une attaque militaire sur une ville. Les soldats aux  yeux verts sont comme obnubilés par la violence. Armés jusqu’aux dents, accompagnés de chiens, ils s’attaquent à une ville. Les habitants paraissent comme des fantômes écrasés par la cruauté. Cela peut être le Kosovo, l’Irak ou la Somalie. Il n’y a pas de lieu. La guerre a-t-elle eu une frontière ? La touche de Brahim Raïs est particulière. L’auteur fait une confiance totale à son lecteur. Aussi, lui évite-t-il les mots, les bulles, les paroles….
Une bande dessinée qui ressemble à de la peinture à la limite du surréalisme-impressionisme, il n’y a pas de dialogue, des images sans paroles, pourquoi ce choix ?
Je voulais tenir un discours universel et évoquer la guerre moderne. Les images sont sans texte. La plupart du temps, je travaille de cette manière là, afin de m’adresser au plus grand nombre. Je pense que l’image suffit pour envoyer un message. Le lecteur n’aura qu’à imaginer les lieux et les paroles. En règle générale, je travaille sur le thème de la guerre. Pour dire non, non à la guerre…

-Vos personnages rappellent des fantômes avec des victimes presque désincarnées…

Beaucoup de personnes m’ont fait cette observation. On m’a également posé la question, mais je n’ai pas de réponse. J’ai fait exprès mais ne demandez pas plus !
-Les hélicoptères de cette armée, qui attaque la ville, ne sont-ils pas des Apaches américains, non ?
Oui, peut-être. L’Amérique exporte la guerre partout dans le monde. Dans mon album, il n’y pas de lieu précis. La technique que j’utilise est un mélange à partir de l’encre de Chine… Les passants  sont les guerriers qui passent et qui détruisent tout (…) En 2010, j’ai pris attache avec Mme Dalila Nadjem, commissaire du FIBDA. Elle a beaucoup aimé mon travail. Avant même de m’inviter à Alger, elle m’a dit que mon album sera édité. Cela m’a fait beaucoup plaisir. J’ai envoyé mes planches et l’album, Les passants, est sorti cette année.
-Comment êtes-vous venu à la BD ? Est-ce par passion ?
Par amour. Je fais de la peinture aussi. J’ai passé le concours de l’Ecole des beaux-arts de Tétouan, mais je ne suis pas allé au bout. Sincèrement, je n’aime pas l’étude académique de l’art. Je préfère la pratique, le travail personnel…
-L’album Les passants n’est pas votre premier travail ?
C’est mon premier album. Après l’Algérie, je vais peut-être l’éditer au Maroc, avec l’accord de mon éditeur. Je travaille actuellement sur un album collectif, avec l’association française Afrique Destinée, Thembi et Jetje, tisseuses de l’arc-en-ciel. Il sera publié par l’Harmattan. Nous sommes dix dessinateurs à participer à cet album (Batoule Alimam, Samuel Daina, Armella Leung, Simon Mbumbo, ndlr). Chacun de nous prend en charge un chapitre et une histoire qui se déroule en Afrique du Sud,  et chacun de nous utilise sa propre technique et met sa sensibilité artistique dans le traitement du sujet. Par ailleurs, je travaille actuellement aussi sur le thème de la Deuxième Guerre mondiale pour un autre album. Je vais présenter l’histoire de cette guerre à ma manière. Je fais ces albums pour dénoncer la guerre !
-Comment évolue la BD au Maroc ?
La BD marocaine est en phase de construction. L’Algérie est en avance. Ici, chaque année le FIBDA prend de l’ampleur. Au Maroc, il y a également un festival mais qui n’est pas assez développé.
Source : El watan

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