dimanche 17 janvier 2010

Couverture de "La traversée. L'enfer du h'rig " par Khaled Afif.


Couverture de l'album "La traversée. L'enfer du h'rig" réalisé par l'excellent Khaled Afif. 
L'album collectif regroupant tous les auteurs marocains, des étudiants locaux, un congolais, un ivoirien et des européens ayant un rapport avec le Maroc (Voir premier message) sortira pour le prochain festival international de BD de Tétouan qui aura lieu les 28 et 29 mai 2010.L'album de 68 pages sera édité par les éditions Nouiga et distribué en librairie en français à 60 dhs. Les organismes nous aidant sous forme de préachat, le distribueront à la jeunesse marocaine en version française et arabe dialectale.
J'ai écrit quelques scénarios de l'album et ai coordonné l'ensemble du projet. Je ne dessinerai que si l'un des illustrateurs venait à se porter manquant au dernier instant.




Première planche de "Le trésor des Oudayas"


La première planche de l'album que je prépare avec le dessinateur belge Dominique Meunier et qui paraîtra fin 2010 aux éditions Nouiga : "Le trésor des Oudayas"
Les rabatis reconnaîtront le beau bâtiment art déco se trouvant juste à coté de la Cathédrale au centre de Rabat. 

Brochure OIM

































Travail effectué pour l'office international des migrations en 2009.
Brochure qui sera distribuée au Maroc et en Lybie.


Article sur la BD au Maroc écrit avec C. Cassiau Haurie en mars 2008






Article sur la BD au Maroc écrit avec Christophe Cassiau Haurie.

BD au Maroc

 

A première vue, le Maroc peut passer pour un pays où la bande dessinée est reine : le pays abrite plusieurs festivals de bande dessinée (Tétouan, Kénitra, Casablanca) et compte à l’Institut National des beaux arts de Tétouan, la seule filière BD de tout le continent africain.

Malheureusement, la production de BD dans le royaume ou par des marocains à l’étranger reste faible et se compte presque sur les doigts de la main. Numériquement parlant, la BD reste un genre mineur au Maroc, malgré quelques tentatives isolées récentes. Tour d’horizon d’un art qui ne s’est pas encore imposé dans la société marocaine.

 

Les BD « politiques ».

Le Maroc est l’un des très rares pays africains où la BD a servi de relais à des témoignages dénonçant des atteintes aux droits de l’homme et des exactions des forces de police et de sécurité.

En Afrique, si les dessinateurs de presse et caricaturistes ne s’en privent pas, les bédéistes sont en général plus discrets et attendent le plus souvent d’être en exil pour témoigner. Tel n’est pas le cas de Abdelaziz Mouride qui, en 2000, publie On affame bien les rats ! (Editions Tarik et Editions Paris méditerranée), témoignage poignant de ce que furent les années de plomb au Maroc. Dans la pénombre de sa cellule, l’auteur, membre fondateur du courant d’extrême gauche 23 mars, a dessiné jour après jour toutes les étapes de sa longue et traumatisante détention. En 2004, Abdelaziz Mouride publie Le coiffeur (Editions Nouiga), chronique douce amère d’un salon de coiffure pour hommes dans un quartier populaire de Casablanca dans les années 70. Le propos est plus léger que dans son précédent album mais  la critique sociale et politique affleure à chaque planche. Poursuivant sa démarche, Mouride travaille actuellement à une adaptation du roman de Mohamed Choukri, Le pain nu. Professeur aux beaux arts de Casablanca, il a également lancé le magazine Bled’Art, premier journal de BD du pays, qui a malheureusement disparu après quelques numéros.

Les sarcophages du complexe : disparitions forcées de Mohammed Nadrani (aux éditions Al Ayam. 2005 ) est un autre album qui, avec un style plus naïf, revient sur les années de plomb et son lot de prisonniers politiques. L’auteur a été incarcéré dans un centre secret de détention connu sous le nom de "Complexe de Rabat". D’où le titre de la BD, associant les pénibles conditions d'incarcération des jeunes militants des années 1970 à des sarcophages.

 

 

Les BD « patrimoniales ».

La BD a également été utilisé à des fins patrimoniales, en vue de raconter la culture et l’histoire du pays et de ces figures émergentes.

Ce fut le cas en 1979, avec Il était une fois … Hassan II (de Serge Saint-Michel, Bernard Duffosé et Philippe Sternis. Editions Fayolle) qui relève plus de l’album panégyrique.

En 1993, la trilogie Histoire du Maroc en bandes dessinées (de Ahmed Nouaiti, Wajdi et Mohamed Maazouzi) évoquait l’histoire nationale de la préhistoire à 1961.

En 2004, l’Institut royal de la culture amazighe publiait la première BD en langue berbère, intitulée Tagellit nayt ufella (La reine des hauteurs) qui raconte les aventures d’une jeune reine qui se bat contre les forces du mal pour protéger son peuple. L’objectif de l’auteur de cette œuvre d’une vingtaine de pages, Meryem Demnati, est d’aider à la promotion de la langue et de la culture amazighe.

Mohamed Nadrani a sorti en 2007, un second ouvrage où il se penche sur un pan récent de l’histoire marocaine : la guerre du Rif. Cet album, L’émir Ben Abdelkrim est sorti en deux versions, arabe et française.

Enfin, le nouveau code de la famille a fait l’objet d’une adaptation BD en deux langues (arabe dialectal et français) intitulé Raconte moi la nouvelle moudawana afin de la rendre plus accessible à la population aussi bien résidente au pays que immigrée.

 

 

D’autres productions sont également à remarquer comme celles de Jean François Chanson qui publie en 2006, Maroc fatal (Editions Nouiga). L’album est constitué de quatre nouvelles racontant le destin singulier de marocains et leur rencontre souvent violente avec la mort. Le titre est un clin d’œil au célèbre « Major fatal » de Moebius. Ces histoires en noir et blanc n'hésitent pas à évoquer des thèmes dérangeants comme le hrig, les problèmes de prostitution, l'alcoolisme, les nouveaux rapports hommes-femmes, les tensions arabo-amazighes, la corruption policière, ... Une des nouvelles, «Destins Symétriques», est d'une grande originalité car elle fait se rencontrer les destins similaires d'un occidental et d'un marrakchi. En arabe et en français, le récit est organisé en miroir, jouant sur les sens convergents de lecture des deux langues. L’auteur est en préparation d’un nouvel album, suite de « Maroc fatal », qui s’appellera « Nouvelles maures » et qui devrait sortir en juin 2008 aux éditions Nouiga.

L’Hadj Belaïd de Larbi Babahadi (Editions Sapress, 2008) relate l’incroyable destin du chanteur marocain L’haj Belaïd, devenu une légende dans son pays. Après de nombreux petits boulots, le souissi décide un jour de se consacrer totalement à sa passion : la musique. Il se lance en chantant l’amour et la beauté des femmes, et devient bientôt une célébrité, apprécié de Lyautey et de Mohammed V. Il enregistre de nombreux disques  avec le label français Pathé Marconi. Il s’éteint en 1946 et ses chansons sont encore de nos jours souvent reprises par la jeune scène musicale marocaine. Le dessin est simple et efficace. Les textes sont en français, amazighe et arabe. Ce premier album est une réussite. L’auteur est en préparation avec son frère d’un nouvel album « Les racines d’Argania » portant sur la partie marocaine de la mythologie grecque.

L’agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg a sorti, il y a peu, un album « Tempête sur le Bouregreg » (Dessins : Hassan Manaoui. Scénario : Miloudi Nouiga) pour expliquer aux plus jeunes leurs travaux qui vont profondément modifier les villes de Rabat et de Salé. Miloudi Nouiga a réalisé un album « Les objectifs du millénaire. » sur les droits des enfants au Maroc pour le PNUD en 2006. Ces deux albums ont été distribués gratuitement aux écoles marocaines par ces institutions.

Enfin, au début des années 2000, les étudiants des l’Institut royal des beaux arts de Tétouan publiaient leurs travaux au sein du magazine Chouf qui ne paraît plus de nos jours. Ils récidivent depuis quelques mois avec un fanzine Livre, deux numéros sont déjà parus.

 

A l’étranger, peu de professionnels marocains se sont fait remarquer dans le milieu du 9ème art. On peut citer Youssef Daoudi, qui a terminé en septembre Sueur aux tripes le dernier volume qui complète La vie est dégueulasse (2005) et Le soleil n’est pas pour nous (2006), les deux premiers tomes de La trilogie noire de Léo Mallet, sur un scénario de Bonnifay, aux éditions Casterman. Dessinateur marocain vivant et publiant en Europe, il était dessinateur de presse pour La vie économique de 1995 à 1997 sous le nom de « Yozip ». Atif Khaled est diplômé de l’Institut de la Bande dessinée d’Angoulême. Il a publié entre 2005 et 2007 les trois tomes des Chroniques de Centrum chez Soleil Edition, adaptation du roman de Jean Pierre Andrevon qui en assuré le scénario. Il a également dessiné le tome 8 de la série Kookaburra Universe, toujours en 2007. Othman Berrada, jeune dessinateur débutant, serait en train de travailler actuellement sur un scénario de Trondheim. Avant de faire une école d’art en France, il a fait les beaux jours du journal scolaire Carpe Diem lors de son passage au lycée Descartes de Rabat.

D’autres dessinateurs ayant des liens avec le Maroc sont à signaler : Daphné Collignon, auteur de Coelacanthes (2 tomes) et de Le rêve de pierres (avec I. Dethan) aux éditions Vents d’Ouest réside au Maroc. Patrick Morin a décroché la premier prix « jeune talent » au dernier festival  d’Angoulême avec une nouvelle humoristique en BD sur le Maroc, pays qu’il connaît bien.

 

Les talents existent donc, l’envie également. Certains éditeurs comme par exemple, Miloudi Nouiga, aimeraient faire plus de BD. Mais, malheureusement, l’absence de marché réel empêche tout développement prévisible du 9ème art dans le pays. La solution passerait sans doute par la production d’ouvrages en noir et blanc, à couverture souple, diffusés hors des réseaux  traditionnels du livre.

 

 

 

Jean François Chanson (Auteur français de BD, résidant et publiant au Maroc) et Christophe Cassiau Haurie (Spécialiste de la BD africaine, résidant à l’Ile Maurice. Vous pouvez retrouver certains de ses articles sur les sites Africultures et BDZoom).

 

PS : La prochaine édition du festival de BD de Tétouan aura lieu du 28 au 31 mai 2008 et celui de Kénitra du 10 au 12 juillet 2008. Une bonne occasion pour découvrir la BD marocaine…

Interview de ma pomme par C. Cassiau-Haurie. Aout 2008

Un interview paru sur le site Africultures, de l'excellent Christophe Cassiau Haurie :

JEAN FRANÇOIS CHANSON : "IL FAUT PARFOIS UN PEU SOUFFRIR POUR ATTEINDRE SES RÊVES !"entretien de Christophe Cassiau-Haurie avec Jean François ChansonAoût 2008

Auteur français de bandes dessinées, Jean François Chanson est installé au Maroc depuis 2000. Publié par des éditeurs locaux, il occupe une place à part dans le milieu - restreint - de la BD locale dont le marché existe à peine et où tous les sujets ne peuvent pas être traités.


Un bédéiste français publiant au Maroc, la situation n'est pas commune. Comment vous êtes-vous engagé dans cette aventure ?

      C'est un peu un concours de circonstances. J'ai eu quelques velléités étant jeune. J'ai suivi les conseils de mes parents et ai assuré, en devenant professeur de Physiques. En arrivant au Maroc, après un début de carrière d'enseignant essentiellement à l'étranger et l'écriture de deux livres non publiés, cela m'a repris. J'ai écrit un scénario et ai tenté de travailler avec Aziz Mouride, l'auteur d'On achève bien les rats et Le coiffeur. Malheureusement, il commençait l'adaptation du Pain nude Choukri qui est toujours en cours. Puis, j'ai travaillé avec un jeune dessinateur de Salé, Nabyl Kharraz, et l'éditeur Miloudi Nouiga. Pour diverses raisons, Nabyl s'est retiré.
      
Qu'est-ce qui vous a incité à persévérer malgré tout ?

      Je n'ai pas voulu voir tout mon travail perdu et je me suis lancé dans le dessin de Maroc fatal, dont le titre était un clin d'œil à l'un des maîtres de la bande dessinée occidentale, Moebius, auteur de Major fatal. Cela faisait quinze ans que je n'avais pas sérieusement pris un crayon et cela se ressent sur le premier album ! Le manque de confiance en mon dessin m'a hélas poussé à l'époque à changer le scénario et à remplir les bulles pour éviter les difficultés. Il faut dire que je prends plus de plaisir à construire un scénario et son découpage qu'à dessiner. Mais dans mon dernier album, de l'avis général, le dessin est meilleur car je disposais de plus de temps et j'étais plus en confiance.
      
Comment s'intitule cet album et quel est son propos ?

      Il est intitulé Nouvelles maures. Cette fois encore, c'est un jeu de mot [maures / mort et ce juste après le premier album, Maroc fatal (major fatal)]. C'est un recueil de petites nouvelles sociétales en noir et blanc, avec une mort violente au minimum par histoire. Le format choisi est particulier, tout en longueur, pour servir la deuxième nouvelle dont le cadre de chaque case est le contour d'une ouverture de voile islamique ! L'album parait de nouveau aux éditions Nouiga, éditeur avec lequel je m'entends bien. J'ai d'ailleurs écrit un scénario de court-métrage qui devrait bientôt être réalisé par le responsable de la maison d'édition, Miloudi Nouiga (1). Nous travaillons en ce moment ensemble sur un thriller très dévêtu qui se passe de nos jours au Maroc et qui reprend de très beaux dessins de Miloudi sur de vieux poèmes arabes érotiques.
      
Dans un pays comme le Maroc, vous ne faites pas dans le consensuel !

      Il est vrai que mes albums sont plutôt polémiques pour le Maroc. Mais ici, dans ce beau pays, pour vendre des livres il faut parler du Maroc et faire un peu de vagues. Ceci étant dit, je vais peut-être avoir à nouveau des problèmes, je ne sais pas…
      
Une fois lancé, votre premier album a-t-il été facile à réaliser ?

      Il y a eu beaucoup de péripéties que je raconte dans mon forum (2). Parmi plusieurs exemples, une grève de quelques heures à l'imprimerie à cause de la présence de seins sur certaines planches de Maroc fatal. Mais pour éviter de gros problèmes, il m'a fallu respecter les deux principaux tabous marocains : la religion et le roi. Dans une des nouvelles de Maroc fatal, une bonne partie de l'histoire se passe dans une petite épicerie. Or, au Maroc, dans tous les commerces, se trouve une photographie du roi dont la représentation en dessin est pratiquement proscrite. J'ai donc dû faire tous mes cadrages en ne représentant pas le pan de mur de l'épicerie où était censée se trouver la photographie. Le problème s'est de nouveau posé dans une nouvelle du deuxième album, dans laquelle j'imagine un Maroc où la place des femmes et des hommes est inversée, où l'une des scènes se passe dans une boulangerie !
      
Comment a été accueilli Maroc fatal ?

      Au niveau des ventes, vu l'état moribond du marché de la BD au Maroc, l'accueil a plutôt été bon. J'ai fait quelques passages à la radio et ai eu droit à deux articles dans la presse : un bon dans Libération et un plus mitigé dans Tel quel. Dans certaines critiques, revient souvent une thèse qui m'horripile : un français n'aurait pas le droit de critiquer la société marocaine.
      Ce genre de commentaires en France sur un résident marocain critiquant la société française, serait très mal venu. Je suis résident au Maroc depuis de nombreuses années et j'aime beaucoup ce pays. Son avenir me tient à cœur et j'espère, modestement, à travers mes BD, faire un peu évoluer les choses dans le bon sens. L'excellente préface d'Abdelaziz Mouride dans le deuxième album, remet, à mon sens, les choses à leur place à ce niveau. Mon statut d'auteur français publiant au Maroc, sur le Maroc est assez particulier.
      
Que pensez-vous de la situation de la BD au Maroc ?

      Il est impossible de vivre uniquement de la BD au Maroc. Mon premier album a nécessité plus d'un an de travail intensif. À cette heure, j'en ai vendu 700 exemplaires et j'ai touché 3500 dirhams [environ 350 euros] de droits d'auteur. Même si ce que je fais me passionne, il est heureux que je travaille à côté ! En Europe, les premiers albums ne font pas forcément plus de ventes mais les jeunes auteurs peuvent espérer vendre plus par la suite s'ils se font remarquer, car il y a un marché.
      
Dans ce contexte, quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes auteurs marocains ?

      Je comprends qu'au Maroc, les étudiants en filière BD s'orientent plutôt vers l'animation, les jeux vidéo ou l'enseignement. Mais il faut parfois un peu souffrir pour atteindre ses rêves ! La BD se mondialise et un auteur marocain peut très bien s'en sortir, en dessinant pour des éditeurs étrangers. Il y a quelques exemples positifs. Les albums publiés sur place peuvent constituer une excellente carte de visite à présenter par la suite avec son projet. Et, qui sait, ces premiers albums peuvent petit à petit créer un marché au Maroc !
      J'ai découvert il y a peu la vitalité de la BD en Algérie qui s'en sort nettement mieux, sans avoir de filière BD dans leurs écoles des Beaux-arts, contrairement au Maroc. Cet exemple montre que c'est possible (3).
      
Le milieu de la BD marocaine reçoit-il du soutien extérieur ?

      Il n'y a pas beaucoup d'aides de la part des institutions, la BD ayant encore au Maroc une image peu noble, à l'exception notable de la délégation de Wallonie-Bruxelles. En dehors du dernier festival de Kénitra, les festivals, curieusement nombreux au Maroc, accordent peu de place à la BD locale.
      
Et en terme de diffusion ?

      Les quelques librairies encore présentes au Maroc n'ont souvent pas de rayon BD et mettent peu en avant les rares albums marocains. Le Royaume manque de bibliothèques et quand elles existent, les bandes dessinées y sont rares. Il est vrai que le prix des albums peut aussi être un frein à l'achat, même si Maroc fatal est vendu 60 dhs (5,50 euros), le prix de deux paquets de cigarettes au Maroc. La classe moyenne émergeante au Maroc est très matérialiste et, hélas, peu portée sur la culture.
      
Cette situation peut être décourageante pour les éditeurs…

      Les grandes maisons d'édition locales ne s'intéressent pas à la BD. La seule exception est celle de Miloudi Nouiga qui cherche depuis des années à publier des albums. Il n'y a que deux auteurs marocains qui tentent de faire bouger les choses : Mohamed Nadrani avec Les sarcophages du complexe et L'émir Abdelkrim, qui vient de sortir, et Babahadi avec El hadj Belaïd et bientôt Les racines d'Argania. Ce dernier fait de l'auto-édition et le premier se fait éditer par le journal El Ayam où il est caricaturiste.
      
Quelle est votre actualité ? Envisagez-vous de réaliser d'autres albums qui n'auraient pas le Maroc pour cadre ?

      Je serais au festival d'Alger du 15 au 19 octobre pour présenter Nouvelles maures. Après Tétouan et Kénitra, une exposition d'une des nouvelles de cet album tournera dans les Instituts français au Maroc. Elle sera au mois de décembre à l'Institut de Rabat. Enfin, je travaille en ce moment sur le scénario d'une adaptation d'une nouvelle de Conrad.
      J'ai pas mal d'autres projets ne parlant pas du Maroc dans mes cartons, qui aboutiront, je l'espère, un jour.




1. À noter que Miloudi Nouiga a participé comme coloriste à l'album, Le coiffeur de Mouride.
2. Cf. le site bdparadio.com, sur le topic "Maroc fatal".
3. Si le milieu de la BD algérienne est bien plus actif qu'au Maroc, il est cependant en nette baisse par rapport aux années 70 et 80…



Article à propos de Nouvelles maures


Article de Muriel Tancrez paru dans le journal marocain Au Fait :








"Nouvelles Maures": Trois histoires graphiques par Jean-François Chanson: 

Jean-François Chanson avait déjà paru aux Editions Nouiga une première bande dessinée intitulée Maroc Fatal, comme un clin d’œil à l’un des maîtres de la BD occidentale, Moebius, auteur, lui, d’un Major Fatal. Aujourd’hui, il réitère avec Nouvelles Maures, édité à nouveau par Nouiga en octobre dernier. Pas étonnant pour un amateur des clins d’œil et autres jeux de mots d’avoir choisi un tel titre, car cet album comporte dans chacune de ses nouvelles au moins une mort violente. Nouvelles Maures, nouvelles morts… Ce recueil de trois petites nouvelles en noir et blanc raconte tour à tour trois histoires dans lesquelles ceux qui connaissent le Maroc (et notamment Casablanca et ses taxis rouges) se reconnaîtront et ceux qui ne le connaissent pas, le découvriront. La première, “Le dernier des Marocains” traite avec un regard aiguisé du Ramadan, “Par la fenêtre” concerne la place des femmes dans la société et “Taxi rouge” relate une sombre histoire de complot et questionne la justice marocaine. Bien polémique comme BD direz-vous…Et l’auteur ne dépend pas le fait : “Il est vrai que mes albums sont plutôt polémiques pour le Maroc. Mais ici, dans ce beau pays, pour vendre des livres il faut parler du Maroc et faire un peu de vagues”. Jean-François Chanson n’a certainement pas tort étant donné l’état moribond de la bande dessinée dans le Royaume. Dans ce contexte là, l’initiative est toute à louer, d’autant que la plume épurée de l’artiste rend l’ouvrage aisé à la lecture, que malgré des histoires dramatiques ces nouvelles sont pleines d’humour et les dessins épurés. A découvrir d’urgence…

Article à propos de Maroc fatal




















Article paru dans Libération (Marocain) sur Maroc Fatal :
"
Bande dessinée de Jean-François Chanson, Fatal passage par la case Maroc 




Léo Purguette.

Pour sa première bande dessinée «Maroc Fatal»*, Jean-François Chanson n'y est pas allé de main morte. Il aborde en quatre nouvelles les thèmes dérangeants qui traversent la société marocaine.

Ce français résidant au Maroc, n'hésite pas à parler du hrig, des problèmes de prostitution, d'alcoolisme, des nouveaux rapports hommes-femmes, des tensions arabo-amazighes, et de la corruption policière. « Maroc Fatal », titre-choc, constitue un clin d'oeil au maître de la bande dessinée française, Moebius qui, dans un tout autre genre, avait livré son «Major Fatal».

Acide dans ses propos, Jean-François Chanson entraîne son lecteur dans quatre histoires marocaines qui ont pour point commun la rencontre avec la mort. Toutes les morts évoquées sont différentes mais toutes sont violentes.

Chaque fois, le «fatalisme marocain» comme l'écrit l'auteur, est palpable. Les drames vécus par un petit instituteur, un jeune chômeur diplômé, ou encore un épicier, surgissent, en effet du quotidien, tels des signes du destin.

Les planches sont en noir et blanc, un peu comme les récits.

Jean-François Chanson a pris le parti d'être manichéen. Cette manière de dépeindre des situations stéréotypées donne de la force identificatrice aux personnages et donc de l'intensité subversive au récit.

Parfois, la barrière de la caricature est franchie au détriment de l'efficacité de l'histoire, comme pour ce jeune franco-marocain qui conduit sa voiture illégalement, et raconte en moins d'une page à son cousin marocain qu'il trafique et recèle des objets volés, de la drogue, organise des tournantes et dresse un pitbull dans sa cité en France

Les nouvelles se déroulent aux quatre coins du Maroc : à Casablanca, dans le Siroua, à Tanger et la dernière à Marrakech.

Celle-ci, «Destins Symétriques», est d'une grande originalité car elle fait se rencontrer les destins similaires d'un occidental et d'un marrakchi. Leur rencontre simultanée avec la mort surviendra d'une manièreffroyablement banale. En arabe et en français, le récit est organisé en miroir, jouant sur les sens convergents de lecture des deux langues. Pour finir, il faut noter que l'auteur a réussi un tour de force en parvenant à faire paraître au Maroc sa bande dessinée, qui plus est, aussi subversive sur le pays.

En effet, parent pauvre de l'édition marocaine, la bande dessinée est encore trop souvent considérée comme l'apanage de la seule librairie enfantine.«Maroc Fatal» détonne donc d'autant plus dans le paysage éditorial marocain. Subversif, inattendu, parfois décevant, ce premier album n'a pas fini de faire parler de lui.

*Editions Nouiga, 60dh.

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Nouvelles maures







Quatre planches d'une des nouvelles de mon deuxième album, toujours chez Nouiga, sorti fin 2008 

NOUVELLES MAURES

 

 

64 pages, non numérotées, en noir et blanc sous couverture souple en couleurs.

Format dit "à l’italienne"

 

image002.jpgExtrait de la préface de Abdelaziz Mouride ( journaliste et bédéiste marocain) :

« Professeur au lycée Descartes à Rabat, J-F Chanson aime apparemment

beaucoup voyager. Ses deux albums en effet, laissent penser qu’il a    

sillonné le pays profond dans tous les sens ; essayé d’apprendre des bribes

des langues parlées ; écouté des histoires personnelles, tantôt drôles, tantôt

dramatiques de gens humbles et anonymes (…) C’est de ces gens et de leurs

histoires, de ces paysages aussi, qu’il tire sa matière… »

 


Maroc fatal


La couverture de mon premier album BD, paru aux éditions Nouiga en janvier 2007.
Si je pouvais, je changerais pas mal de choses... 
On le trouve encore dans certaines librairies marocaines. Un retirage devrait bientôt avoir lieu.












Le texte de la quatrième de couverture :
"

Dans le Siroua, un jeune instituteur sort de son logement perdu dans la montagne et se met en route dans la neige pour rejoindre l’autre côté de la vallée. Chaque étape de son périple lui rappelle, l’un après l’autre, les évènements qui l’amènent à agir ainsi, à cet instant. Le cœur léger, il ne sait pas que la mort l’attend au bout du chemin …

 

Depuis des heures, un homme âgé s’égosille derrière des barreaux. En plus d’un apparent sentiment d’injustice, l’épicier est hanté de souvenirs douloureux, sans cesse ravivés par le carrelage présent sur le sol de sa cellule. Il lui rappelle celui de son petit commerce situé dans une petite ville du Maroc, où le drame a débuté …

 

Dans un village du sud qui surplombe une palmeraie, un jeune homme lit une lettre à l’ombre d’un mur en pisé. Un ami de faculté lui a trouvé une filière sûre pour rejoindre clandestinement l’Europe en bateau. Il ne lui manque que l’argent. Son petit frère l’interrompt pour l’avertir de l’arrivée inattendue au bled de cousins français. Le long voyage qui débute alors l’amènera à rencontrer un Ange au milieu de l’océan et à tomber sur une autre lettre, présage d’une fin imminente.

 

Deux hommes se croisent sur la place Jemaa El Fna, à l’heure où elle commence à s’animer. L’un est marocain et travaille dans la ville impériale alors que l’autre est français, en séjour touristique. Leur journée a été bouleversée par une rencontre et la promesse d’un rendez-vous dans la soirée. L’esprit en ébullition, ils marchent à contre courant de la foule pour retrouver leur épouse et leur vie médiocre respectives. Ce qu’ils vont vivre parallèlement ne sera pas sans dommages  

 

 

Maroc Fatal est constitué de quatre nouvelles en bandes dessinées qui racontent les destins singuliers d’habitants de ce pays attachant et leur rencontre avec la mort sous différentes formes. Le titre fait référence à cela et constitue un clin d’œil au célèbre Major Fatal de Moebius. Il fait aussi allusion à un certain fatalisme marocain devant les épreuves de la vie.

Une des nouvelles est bilingue, français et arabe dialectal, et utilise graphiquement une des différences fondamentales entre ces deux langues.

 

Résident au Maroc depuis quelques années, l’auteur, Jean François Chanson, est un passionné de BD qui n’avait jamais osé jusque là se lancer. Voici donc son premier album et il est prometteur …

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Article sur la Caricature au Maroc paru dans Africultures N°79

Voici la couverture et la présentation du numéro 79 d'Africultures.  J'y publie un papier sur la caricature au Maroc : "Maroc, à l'ombre des rois ". Disponible en librairies française et sur le site Africultures.

CARICATURE ET LE DESSIN DE PRESSE EN AFRIQUE (LA)Christophe Cassiau-Haurie

Titre anglais : Caricature and News Cartoons in Africa

Pays de l'auteur : Algérie, Belgique, Bénin, Brésil, Cameroun, Côte d'Ivoire, France, Guinée, Guinée équatoriale, Île Maurice, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc, République démocratique du Congo, Swaziland, Tchad, Togo

Auteur : Christophe Cassiau-Haurie

Edition : Harmattan (L')

Pays d'édition : France

ISBN : 978-2-296-10328-3

Genre : revue

Prix : 22.00 EUR

Nombre de pages : 240

Parution : novembre 2009

Amuseurs patentés dans certains cas, contre-pouvoir politique dans d'autres, les caricaturistes africains sont devenus des acteurs incontournables de la scène publique africaine. Et cela malgré les risques, la censure et les difficultés économiques de la presse écrite. Sans cesse renouvelé, le vivier de talents semble inépuisable. Beaucoup franchissent les frontières et s'installent en Europe où ils se font connaître via Internet ou dans certains titres de presse centrés sur l'Afrique ou l'International. La caricature africaine est évoquée dans de rares reportages ou publications en Italie ou en Belgique mais paradoxalement pas en France, hormis le festival de Saint Just- le-Martel où de nombreux caricaturistes africains sont invités chaque année.
C'est pour combler ce manque que ce numéro, réalisé avec l'appui d'un grand nombre d'auteurs et de dessinateurs du continent, met en lumière le travail et l'engagement des caricaturistes africains. Armés de leur crayons, ils éveillent les consciences en faisant rire leur concitoyens. Envers et contre tout...